L’auto-édition peut être accessible assez rapidement au début quand on se cantonne au numérique.
Débuter en publiant nos premiers chapitres gratuitement par exemple, pour faire découvrir son travail à des lecteurs qui – ne risquant pas de perdre d’argent dans une histoire dont ils ne connaissent rien – auront beaucoup plus de facilités à découvrir un nouvel auteur.

Il y a les plateformes Webtoon, Mangadraft, Tapastic (en anglais) – pour ce que je connais (il y en a d’autres) Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, si jamais vous sortez un jour votre BD numérique en livre, même si les gens y ont eu accès gratuitement, ça ne les empêchera pas de l’acheter, au contraire. Parce qu’ils apprécient votre histoire, qu’ils la veulent dans leur bibliothèque, ou simplement pour vous soutenir… C’est quelque chose qui fonctionne essentiellement en auto-édition parce qu’il y a cette notion de proximité dans l’achat → le lecteur sait qu’il donne directement à l’auteur. (il suffit de voir le succès de la campagne Ulule de Maliki 😉 ) et parce qu’on a la culture du livre ^^

 
MON EXPERIENCE PERSONNELLE
 
Quand j’ai débuté dans le fanzinat, en 2007, je pensais que proposer ma BD gratuitement la tuerait dans le sens que tout le monde pourrait y avoir accès et que je ne pourrais donc jamais en vivre.
Je suis donc directement passée par l’édition papier de mes Bds que je vendais en ligne et en festivals. C’était couteux, je n’y connaissais pas grand chose et toutes mes économies y passaient.
Mon niveau était encore très médiocre, aussi mes créations n’attiraient pas grand monde. 
Ça a duré 6 ans avant que je commence à avoir des productions jolies à regarder et bien construites scénaristiquement. J’ai commencé à avoir une petite communauté qui me suivait.
 
LES AVANTAGES DE LA LECTURE EN LIGNE
Au bout de 7 ans de fanzinat, j’ai tenté de me lancer à temps plein avec une micro-entreprise.
En même temps que ce nouveau statut professionnel, je me suis aussi lancée dans la publication numérique et gratuite de ma nouvelle BD de type manga : Chronoctis Express. Je suis allée chercher les lecteurs en postant ma BD directement sur les plateformes en ligne, comme Amilova, (feu) Ink Blazers, Tapastic, puis Webtoon US (la version française a été lancée longtemps après)
Je me suis dit qu’il était temps de tester… et voir si je pouvais dépasser les quelques centaines de lecteurs.
En l’espace d’un an, je suis passée à 15000 lecteurs inscrits, et le chiffre a continué d’augmenter d’année en année.
C’est allé très vite : le succès en ligne m’a ramené beaucoup plus de monde sur mon stand en festival, et j’ai pu envisager de sortir le 1er tome en version papier. La campagne a été un succès, et le livre est toujours apprécié malgré les années, ça me fait réellement plaisir ^^
 
GAGNER SA VIE
Parce que ce n’est pas avec du gratuit que vous allez vivre de votre art. Et gagner sa vie par la BD, c’est comme jouer au Loto. C’est super aléatoire et il y a peu d’élus.
Il faut beaucoup produire, pendant longtemps, pour avoir au final un tome qui coutera autour de 10€, que vous aurez mis entre 1 et 2 ans à faire.
En sachant qu’une fois enlevé de nombreux frais (fabrication, transport, stands en festivals,
pourcentage pris par des tiers quand vendu en ligne… sans parler de l’argent pris par les cotisations sociales et les impôts) il vous restera peut-être 4€ de gagnés sur chaque tome.
Si vous voulez toucher un smic – le minimum d’un salaire français – soit environ 1400€ par mois net, sur un an en sachant que vous ne vivrez que sur la vente d’un seul tome qui vous fait gagner 4€…Il faudra que vous vendiez au moins 350 exemplaires par mois de ce tome. Oui, rien que ça ! En sachant que 350 exemplaires par mois, ça représente de très, très très bonnes ventes.Par contre… ça devient plus envisageable si vous faites plusieurs tomes !
Vous ne gagnerez pas votre vie avec votre tome 1, difficilement avec un tome 2, mais à partir du tome 3 ça commencera à devenir intéressant. Car au lieu de devoir vendre 350 exemplaires du tome 1, vous aurez à vendre environ 120 exemplaires du 1, 120 du 2 et 120 du 3. C’est déjà beaucoup plus réaliste.
Et surtout, je pense que les plateformes comme Tipeee et Patreon sont très précieuses pour des auteurs de BD en auto-édition. Proposer les planches de BD au fur et à mesure de leurs créations à des mécènes qui s’intéressent à vos créations ; montrer les coulisses de création ; et recevoir en échange un soutien moral et financier va énormément aider.
On le voit avec les auteurs de Bd auto-édités comme Maliki, Yatuu, et beaucoup d’autres : Tipeee et Patreon permet de consacrer beaucoup plus de temps à l’avancée de ses oeuvres, d’être plus serein, évitant ainsi de devoir courir toutes les semaines partout pour vendre ses livres à travers le pays dans des festivals et salons, ce qui est chronophage et épuisant.
 
 
MULTI-TÂCHES
 
En complément de la BD, beaucoup d’auteurs proposent des ateliers dans des écoles, bibliothèques, etc… ça permet de bien mieux s’en sortir. 
Il y a aussi la vente des planches originales quand on dessine en traditionnel, la vente de goodies de l’univers de sa BD.
Les gens qui apprécient votre série pourront donc vous soutenir en vous achetant des illustrations et goodies, et ça peut représenter une grosse partie de votre revenu d’auteur, donc ce n’est pas à négliger non-plus.

Et en combinant plusieurs de ces petites choses, avec rigueur, régularité, en sachant vous remettre en question, évoluer, et communiquer, vous finirez très certainement par en vivre. En sachant que vous devrez gérer administratif, comptabilité, gestion des stocks, goodies, communication sur réseaux sociaux, réponse aux mails, préparation des dossiers pour les festivals, plus les festivals en eux-mêmes… Ce qui signifiera que vous n’aurez peut-être que 30% de votre temps de travail pour faire vos planches. Et que donc, vous n’avancerez pas aussi vite qu’un auteur édité.

N’essayez pas de vous esquinter la santé en vous fixant des deadlines de malades 😛 Vous faites l’équivalent de 5 ou 6 boulots différents à vous seul. Auteur, éditeur, maquettiste, web-designeur, diffuseur, distributeur, commercial. C’est normal d’avoir moins de temps pour la création. Il faut l’accepter : vous aurez besoin d’un peu plus de temps pour boucler vos tomes.



L’AVANTAGE DU BOUCHE A OREILLE
 
Ne pas oublier que l’auto-édition a un petit avantage sur l’édition classique : votre livre n’a pas de date limite pour faire ses preuves. Dans l’édition classique, quand un livre est publié, il débarque en librairie et a à peu près disons… 2 semaines pour conquérir un lectorat qui ne le connait pas. Passé ce délai, le libraire le sortira des nouveautés et ce sera alors très difficile d’avoir de nouvelles occasions de faire ses preuves.
Ça signifie que si durant le premier mois de vente, votre livre ne s’est pas bien vendu, l’éditeur le considérera comme un échec et fera certainement écourter voire arrêter votre série.
ça ne voudra pas dire que votre livre est mauvais, pas du tout. De nos jours, il est très difficile de se démarquer au milieu des milliers de nouveautés BDs qui sortent chaque année. Surtout si le public ne nous connait pas. Les libraires ont des places limitées sur leur rayons, aussi les nouveautés passent très vite (certaines n’auront même pas la possibilité d’apparaitre sur le rayon des nouveautés !)
Certaines BDs ont la chance d’être remarquées par des personnes influentes qui pourront en parler aux lecteurs potentiels durant le temps imparti, d’autres passent inaperçues malgré un bon potentiel. 
 
Dans l’auto-édition, c’est le contraire : vous avez tout votre temps pour laisser à votre livre le luxe d’être connu par le bouche à oreille. Certes, ne nous leurrons pas : vous n’avez pas les moyens de communication d’un éditeur. Faire connaitre votre BD, ça vous prendra beaucoup de temps.
Mais vous pouvez donner du temps. Et si vous vous investissez suffisamment dans la communication, avec les réseaux sociaux, avec un beau site, avec les plateformes en ligne, en étant
présent régulièrement dans les festivals, salons du livre, etc… Et que votre BD a un visuel attirant et que l’histoire plait à ceux qui la découvrent… Il n’y a aucune raison pour que vos efforts ne soient pas récompensés. Par contre comme je vous le disais ; il faudra s’armer de beaucoup de patience. Il faut en moyenne compter 3 à 5 ans à partir de vos premières pages publiées gratuitement, jusqu’à ce que vous ayez suffisamment de succès pour commencer à avoir une bonne grosse communauté qui vous suit, et pouvoir envisager de gagner votre vie avec votre projet (à part quelques rares chanceux mais ils ne comptent pas :P)
 
 
 
 
IMPRIMEUR
 
Pour mes bouquins, je suis passée très longtemps par Pixartprinting (depuis environ 6 ans), mais non seulement ils n’ont pas d’impression de type manga, mais en plus la qualité de leurs impressions de livres est passée d’assez bonne à… plutôt aléatoire (à vous de voir si ça vous convient ^^)
J’entends beaucoup d’auteurs passer par des imprimeurs français très variés et en être contents. Je ne connais pas le nom de ces imprimeurs, mais le mieux c’est de se faire une liste en cherchant sur google et de faire une demande de devis à tous les imprimeurs qui vous intéressent, pour voir ce qui vous arrange le plus.
Pour ma part, le fait que je sois depuis peu avec une SASU pour éditer mes livres me donne accès à de bons imprimeurs spécialisés dans l’impression de manga. Pour le tome 3, je suis passée par Aubin Imprimeur et je suis vraiment contente du rendu du livre ! ^^
 
Vous pouvez aussi vous procurer des livres auto-édités dont vous aimez l’impression, et simplement regarder à la fin du livre les mentions obligatoires d’édition et d’impression.
Il est obligatoire d’indiquer le nom et l’adresse de l’imprimeur sur chaque livre publié quand l’imprimeur réside en France. Et si vous voulez savoir combien ça coûte de faire un manga ou une BD, ben… ça dépendra du format, de la qualité, de si vous voulez des effets ou non, de s’il y a des pages couleurs dedans ou non, de l’imprimeur, du nombre d’exemplaires que vous voulez, de la distance entre l’imprimeur et vous, et du délai que vous donnez à l’imprimeur pour le faire.
Donc un manga avec intérieur en noir à 200 pages, ça peut vous couter 6€ l’unité, comme ça peut vous coûter 2€ l’unité. Impossible de deviner pour vous. Si vous voulez un prix, n’hésitez pas à demander des devis aux imprimeur.
 

 

NIVEAU ADMINISTRATIF-COMPTA TOUSSA TOUSSA

Je vous préviens de suite : je suis moi-même pas mal paumée, y’a pleins d’infos contradictoires sur le net, quand on appelle les impots, l’URSSAF ou autre institution on a 3000 versions différentes, donc… je ne vous donnerai que mon vécu perso. 

J’ai été en statut de micro-entreprise de 2012 à fin 2018. Quand je me suis lancée au tout début, quand je faisais du fanzinat avec mes amis, on n’avait pas de statut parce que de toute façon le peu qu’on gagnait… c’était un grain de sable dans la montagne de choses qu’on payait XD
J’ai créé une structure quand j’ai commencé à avoir une petite communauté, et que je sentais que je pouvais commencer à avoir des bénéfices.

Je suis en activité « édition de livre ». Pas « auto-édition », parce qu’à l’époque où je me suis lancée, je me disais que j’imprimerais peut-être quelques créations de mes amis en même temps que les miennes. Bon, au vu de comme je galère déjà pour les miennes je pense que ça n’arrivera finalement pas XD
Je déclarais mes revenus de façon trimestrielle auprès du RSI (qui n’existe plus), dans la catégorie vente de marchandises (étant donné que j’achetais mes livres auprès de l’imprimeur, puis que je les revendais)
Par contre, pour ce qui est de Tipeee, là je déclarais en « prestation de services » puisque je n’achètais et ne revendais rien : ce sont des dons en échange des planches que mes Tipeurs peuvent lire en avance.

 

Pour ce qui est de vos livres :
Tout livre publié sous format papier doit être déclaré à l’Afnil. Même quand vous ne faites que 50 exemplaires, oui oui.
L’Afnil vous donnera un numéro ISBN (dans le cas d’un livre). Si par contre vous publiez un magazine, il vous faudra un numéro ISSN, qui vous sera donné par la BNF (bibliothèque nationale de France)
Là aussi je ne rentre pas dans les détails, vous trouverez des sites spécialisés sur le net qui vous expliqueront très bien les démarches. Et les gens de l’Afnil et de la BNF sont vraiment sympas et répondent sans problème si vous êtes perdu ^^

 

 

UN MÉTIER DIFFICILE
 
Depuis 2019, je suis passée de micro-entreprise à SAS, notamment pour mieux gérer les campagnes Ulule et les ventes en festival. Mais, j’ai commencé à souffrir de maladie chronique à partir de 2016, et peu de temps après avoir créé cette société, j’ai sombré pendant plus d’un an dans la dépression, mes maladies chroniques se sont aggravées jusqu’à devenir très handicapantes au quotidien. Je suis contrainte de créer avec un corps que je ne reconnais plus, qui s’épuise vite, qui fonctionne un jour sur trois, et j’avoue qu’il m’est difficile d’accepter la situation, même je suis bien obligée ^^
 
L’auto-édition donne l’impression d’être à la portée de tout le monde. Et c’est le cas si on veut juste imprimer et vendre à peu d’exemplaires.
Par contre si l’objectif c’est de se professionnaliser avec l’auto-édition… là ce n’est qu’une poignée de personnes qui peut se vanter d’y arriver. Parce que ça demande un sacré paquet de compétences, il faut être rigoureux, savoir se mettre en valeur, c’est extrêmement chronophage, stressant, et plus que jamais, tout comme un patron, votre gagne-pain est tributaire de vos décisions, et il est nécessaire de prendre des risques et tenter des idées dont on ne sait jamais si cela va fonctionner… On est donc jamais à l’abri d’une erreur de parcours. 
Seul face à l’adversité, seul face à tout ce qu’il faut gérer en tant qu’entreprise. C’est difficile, et tout comme ce qui m’est arrivé, on peut s’esquinter la santé. Mais genre, bien fort ^^’
 
Tout cela, sans parler du fait qu’on ne sait jamais à l’avance si notre BD fonctionnera ou non. (c’est là que faire de la prépublication en ligne, gratuite, pour voir si les gens sont partants en lisant la moitié de votre premier tome, ou le 1er chapitre de votre one-shot… vous sera très utile)
Ça vaut aussi pour un auteur édité. Le métier d’auteur est mal reconnu, on a tendance à ne plus avoir de vie sociale (parce qu’on est la plupart d’entre nous pauvres, alors on doit travailler plus pour tenter de gagner plus d’argent pour pouvoir payer son loyer, ses courses, son eau, sa connexion internet, son téléphone, etc…), on souffre de solitude, de douleurs chroniques (et comme on est pauvre on a du mal à se soigner), les banques ont tendance à nous refuser des emprunts, les propriétaires nous refusent des locations, et si on tombe malade, on n’a aucune solution de secours. Pas d’arrêt maladie, pas de chômage.
De plus, il faut rappeler que chaque année, le coût de location de stands en festival augmente, ainsi que tous les frais annexes : coût de fabrication des livres, déplacement en festival, hébergement… Il y a de plus en plus de concurrence, de plus en plus de stands d’artistes, tandis que le portefeuille des visiteurs est lui plus léger, car la vie devient plus chère pour tout le monde.
 
 
 
CONSEIL SANTÉ
 
L’organisation idéale, c’est de savoir parfaitement doser entre travail et soin de soi. Le but n’est pas de s’épuiser physiquement et mentalement en essayant de faire un sprint, mais de bien connaître ses capacités, le temps qu’on peut accorder à nos créations, et ne pas négliger le sommeil (sous peine de très rapidement se détruire et avoir des maladies/douleurs chroniques)
Je sais qu’on a tendance à dire qu’un auteur est censé tout donner pour arriver à ses fins, mais si on agit comme ça notre corps nous le fera payer tôt ou tard. Nous devons prendre soin de nous pour pouvoir vivre longtemps et en bonne santé =)
S’accorder un vrai repos chaque semaine, pour se changer les idées, prendre du temps pour soi… c’est tout aussi important que le travail en lui-même. Ça a été prouvé : on est beaucoup plus efficace sur le long terme, on est plus rapide, on a plus d’idées originales et on garde un bien meilleur moral, quand on se change régulièrement les idées et qu’on se repose comme il faut. 
La sédentarité est notre ennemie è_é ! Il est important d’aller marcher tous les jours et d’avoir une activité physique régulière. J’insiste sur ce point, j’ai bien remarqué que parmi les auteurs de manga qui gardent une bonne santé sur le long terme, on remarque que beaucoup parmi eux pratiquent un sport régulier et sont actifs physiquement au quotidien. 
 
 
EN BREF
 
La route va être longue et vous aurez souvent envie de baisser les bras, mais votre détermination face aux difficultés et à des débuts très lents finiront par payer.
Peut-être qu’une fois que vous aurez lu tout ça, vous aurez l’impression que c’est un résumé assez effrayant de l’auto-édition et du métier d’auteur de BD.
Mais sachez que si vous êtes passionné, les difficultés vous paraitront toujours surmontables. Et qu’elles n’arrivent pas d’un coup. Chaque étape du métier a son petit obstacle, que vous franchirez un à un, et les obstacles du début s’oublieront au fur et à mesure de vos progressions, où vous aurez de nouveaux défis, mais toujours en gardant le plaisir de faire quelque chose qui vous plaît.

Pouvoir discuter avec les autres auteurs auto-édités, notamment en festivals, est une véritable bouffée d’air frais. Puis ça permet d’échanger ses petites astuces perso et rentrer chez soi l’esprit gonflé de motivation et avec plein de nouvelles idées ! Gardez en tête que la plus précieuse arme d’un auteur, qu’il soit auto-édité ou édité par un éditeur, c’est l’habitude. Le cerveau devient efficace par l’habitude. Quand l’habitude s’installe, notre carburant n’est plus la motivation (qui est très aléatoire et pas fiable sur le long terme), mais simplement l’action automatique mise en place par l’habitude.
C’est d’autant plus vrai dans l’auto-édition où c’est vous qui fixez les règles et les deadlines. Il vous faudra mettre en place des habitudes avec des horaires les plus réguliers possibles, qui conviennent à votre rythme de vie, pour avoir un corps en bonne santé et garder le plaisir de créer.
Vous allez y arriver ! 
 
FIGHT ! o/

Comments are closed, but trackbacks and pingbacks are open.