Débuter en publiant nos premiers chapitres gratuitement par exemple, pour faire découvrir son travail à des lecteurs qui – ne risquant pas de perdre d’argent dans une histoire dont ils ne connaissent rien – auront beaucoup plus de facilités à découvrir un nouvel auteur.
Il y a les plateformes Mangadraft, Tapastic (en anglais), Amilova – pour ce que je connais (il y en a d’autres)Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, si jamais vous sortez un jour votre BD numérique en livre, même si les gens y ont eu accès gratuitement, ça ne les empêchera pas de l’acheter, au contraire. Parce qu’ils apprécient votre histoire, qu’ils la veulent dans leur bibliothèque, ou simplement pour vous soutenir… C’est quelque chose qui fonctionne essentiellement en auto-édition parce qu’il y a cette notion de proximité dans l’achat → le lecteur sait qu’il donne directement à l’auteur. (il suffit de voir le succès de la campagne Ulule de Maliki 😉 )
Je suis donc directement passée par l’édition papier de mes Bds que je vendais en ligne et en festivals. C’était couteux, je n’y connaissais pas grand chose et toutes mes économies y passaient.
Et bien évidemment, personne ne me connaissait et mon niveau était encore très médiocre, aussi je n’attirais pas grand monde. Je me retrouvais avec des stocks terribles d’invendus dont je ne savais que faire.
Ça a duré 6 ans avant que je commence à avoir des productions jolies à regarder et bien construites scénaristiquement. J’ai commencé à avoir une
petite communauté qui me suivait, à savoir quelques centaines de personnes.
festivals, des BDs, etc… sans arriver à avoir plus de 200 ou 300 lecteurs…
En même temps que ce nouveau statut professionnel, je me suis aussi lancée dans la publication numérique et gratuite de ma nouvelle BD de type manga : Chronoctis Express. Pas sur mon petit site perso, non. Je suis allée chercher les lecteurs en postant ma BD directement sur les plateformes en ligne, comme Amilova et Tapastic.
D’autres auteurs qui s’étaient lancés dans le fanzinat en même temps que moi publiaient en ligne depuis quelques années et avaient un succès fou. Je me suis dit qu’il était temps de tester… et voir si je pouvais dépasser les quelques centaines de lecteurs.
C’est allé très vite : le succès en ligne m’a ramené beaucoup plus de monde sur mon stand en festival, et j’ai pu envisager de sortir le 1er tome en version papier avec – cette fois – beaucoup de moyen ! Puisque j’ai décidé de faire une campagne Ulule. La campagne a été un énorme succès, le livre se vend maintenant très bien et beaucoup de monde vient le récupérer en festivals. Bon, on est loin de gagner sa vie hein, mais il y a un sacré progrès par rapport à il y a 2 ans.
Il faut beaucoup produire, pendant longtemps, pour avoir au final un tome qui coute à peine entre 8 et 10€. Alors que vous y aurez passé entre 1 an et 2 ans.
pourcentage pris par des tiers quand vendu en ligne… sans parler de l’argent pris par les cotisations sociales et les impôts) il vous restera peut-être 1 ou 2€ de gagnés sur chaque tome grand max.
Si vous voulez toucher un smic – le minimum d’un salaire français – soit environ 1200€ par mois net, sur un an en sachant que vous ne vivrez que sur la vente d’un seul tome qui vous fait gagner 2€…Il faudra que vous vendiez 600 exemplaires par mois de ce tome. Oui, rien que ça ! En sachant que 600 exemplaires par mois, ça représente de très, très très bonnes ventes. Un tel chiffre, je ne sais même pas s’il y a un auteur auto-édité en France qui le fait.Par contre… ça devient plus envisageable si vous faites plusieurs tomes !
Vous ne gagnerez pas votre vie avec votre tome 1, ni avec votre tome 2 (ou à peine), mais à partir du tome 3 ça commencera à devenir intéressant… parce que dès que quelqu’un découvrira votre
série, il y a beaucoup de chances pour qu’il prenne les 3 tomes d’un coup. Donc au lieu de devoir vendre 600 exemplaires du tome 1, vous aurez à vendre 200 exemplaires du 1, 200 du 2 et 200 du 3. C’est déjà beaucoup plus réaliste 😛
Si en plus de ça, vous combinez avec un artbook de votre BD tous les 2 ans, ou un petit sketchbook de vos recherches pour votre BD… En plus de vous faire du bien en vous aérant l’esprit, ça rajoutera un peu de beurre dans les épinards ^^
Le one-shot, lui, a l’avantage d’être plus vendeur qu’une série, parce que les gens qui l’achètent savent qu’ils auront une histoire complète. Donc aucun risque d’attendre longtemps la suite, voire aucun risque de ne jamais avoir de suite ! (la grande peur des lecteurs qui achètent des créations auto-éditées XD)
Aussi, commencer par se faire connaitre en faisant des one-shots, pour mettre les gens en confiance et tester ses capacités, peut être une très bonne idée ! Puis ensuite une fois que vous avez votre public, vous lancer dans une série si vous en avez envie. (note : c’est ce que j’ai fait :P)
Les gens qui apprécient votre série pourront donc vous soutenir en vous achetant des goodies, et ça peut représenter une grosse partie de votre revenu d’auteur, donc ce n’est pas à négliger.
Vous pouvez combiner ça à par exemple des pages Tipeee ou Patreon, peut-être proposer des cours de BD de temps en temps, faire des partenariats avec des sites, proposer des versions ebooks de vos tomes sur Kindle et Kobo pour faire un complément… Et en combinant toutes ces petites choses, avec rigueur, régularité, en sachant vous remettre en question, évoluer, et communiquer, vous finirez très certainement par en vivre.En sachant que vous devrez gérer administratif, comptabilité, gestion des stocks, goodies, communication sur réseaux sociaux, réponse aux messages de vos lecteurs, préparation des dossiers pour les festivals, plus les festivals en eux-mêmes… Ce qui signifiera que vous n’aurez peut-être que 30% de votre temps de travail pour faire vos planches. Et que donc, vous n’avancerez pas aussi vite qu’un auteur édité. ça vous est déjà arrivé de penser : “cet auteur édité lui, il sort un tome tous les 6 mois !” Eh bien stop : ne comparez plus. N’essayez pas de vous esquinter la santé en vous fixant des deadlines de malades ! Ok ? 😛 Vous faites l’équivalent de 5 ou 6 boulots différents à vous seul. Auteur, éditeur, maquettiste, web-designeur, diffuseur, distributeur, commercial. C’est normal d’avoir moins de temps pour la création. Il faut l’accepter : vous aurez besoin d’un peu plus de temps qu’un auteur édité pour boucler vos tomes.
L’AVANTAGE DU BOUCHE A OREILLE
Ça signifie que si durant le premier mois de vente, votre livre ne s’est pas bien vendu, l’éditeur le considérera comme un échec et fera certainement écourter voire arrêter votre série.
ça ne voudra pas dire que votre livre est mauvais, pas du tout. De nos jours, il est très difficile de se démarquer au milieu des milliers de nouveautés BDs qui sortent chaque année. Surtout si le public ne nous connait pas. Les libraires ont des places limitées sur leur rayons, aussi les nouveautés passent très vite (certaines n’auront même pas la possibilité d’apparaitre sur le rayon des nouveautés !)Certains BDs ont la chance d’être remarquées par des personnes influentes qui pourront en parler aux lecteurs potentiels durant le temps imparti, d’autres passent inaperçus malgré un bon potentiel. C’est dur mais c’est le jeu =)
de communication d’un éditeur. Faire connaitre votre BD, ça vous prendra beaucoup de temps.
Mais vous pouvez donner du temps. Et si vous vous investissez suffisamment dans la communication, avec les réseaux sociaux, avec un beau site, avec les plateformes en ligne, en étant
présent en festival… Et que votre BD a un beau visuel et que l’histoire plait à ceux qui la découvrent… Il n’y a aucune raison pour que vos efforts ne soient pas récompensés. Par contre comme je vous le disais ; il faudra s’armer de beaucoup de patience. Il faut en moyenne compter 3 à 5 ans à partir de vos premières pages publiées gratuitement, jusqu’à ce que vous ayez suffisamment de succès pour commencer à avoir une bonne grosse communauté qui vous suit, et pouvoir envisager de gagner votre vie avec votre projet (à part quelques rares chanceux mais ils ne comptent pas :P)
Il est obligatoire d’indiquer le nom et l’adresse de l’imprimeur sur chaque livre publié quand l’imprimeur réside en France.Et si vous voulez savoir combien ça coûte de faire un manga ou une BD, ben… ça dépendra du format, de la qualité, de si vous voulez des effets ou non, de s’il y a des pages couleurs dedans ou non, de l’imprimeur, du nombre d’exemplaires que vous voulez, de la distance entre l’imprimeur et vous, et du délai que vous donnez à l’imprimeur pour le faire.
Donc un manga à 200 pages, ça peut vous couter 6€ l’unité, comme ça peut vous coûter 2€ l’unité.Impossible de deviner pour vous. Si vous voulez un prix, c’est aux imprimeurs qu’il faut demander. Si si, allez-y : C’est leur boulot. Vous inquiétez pas, ils ne mordent pas 😛
NIVEAU ADMINISTRATIF-COMPTA TOUSSA TOUSSA
Je vous préviens de suite : je suis moi-même pas mal paumée, y’a pleins d’infos contradictoires sur le net, quand on appelle les impots, le RSI ou autre institution on a 3000 versions différentes, donc… je ne vous donnerai que mon vécu perso. Si vous avez des doutes sur ce que vous voulez faire, adressez-vous à des gens compétents qui sauront vous donner des réponses complètes =) Moi, je ne pourrai pas vous aider.
Je suis en statut auto-entrepreneur. Quand je me suis lancée au tout début, quand je faisais du fanzinat avec mes amis, on n’avait pas de statut parce que de toute façon on gagnait que dalle sur nos créations, et le peu qu’on gagnait… c’était un grain de sable dans la montagne de choses qu’on payait.
C’est en 2012 que j’ai pris le statut d’auto-entrepreneur, parce que ça y est, je commençais enfin à créer des choses potables et avoir une petite communauté, et que je sentais que je pouvais commencer à avoir des bénéfices. (même si les bénéfices n’ont commencé finalement qu’en 2014)
Je suis en activité “édition de livre”. Pas “auto-édition”, parce qu’à l’époque où je me suis lancée, je me disais que j’imprimerais peut-être quelques créations de mes amis en même temps que les miennes. Bon, au vu de comme je galère déjà pour les miennes je pense que ça n’arrivera pas avant un moment XD
Je déclare mes revenus de façon trimestrielle auprès du RSI, dans la catégorie vente de marchandises (étant donné que j’achète mes livres auprès de l’imprimeur, puis que je les revends)
Par contre, pour ce qui est de Tipeee, là je déclare en “prestation de services” puisque je n’achète et ne revends rien : ce sont des dons en échange des planches que mes Tipeurs peuvent lire en avance.
En tant qu’auto-entrepreneur, on fonctionne comme un particulier : la TVA on la paye quand on achète quelque chose, et quand on vend : il n’y a pas de TVA à ajouter. Ce n’est pas HT (hors-taxes). Ce n’est pas non-plus TTC. C’est… il faut juste mettre votre prix en euros, et en bas de votre facture vous indiquez la mention « TVA non applicable – article 293 B du CGI »
Puis après chaque année vous déclarez aux impôts ce que vous avez gagné. (pour plus d’infos, allez voir les sites “net entreprise”, l’auto-entrepreneur” et les forums d’aide qui sont nickels pour tout bien comprendre)
Pour ce qui est de vos livres :
Tout livre publié sous format papier doit être déclaré à l’Afnil. Même quand vous faites que 50 exemplaires, oui oui.
L’Afnil vous donnera un numéro ISBN (dans le cas d’un livre). Si par contre vous publiez un magazine, il vous faudra un numéro ISSN, qui vous sera donné par la BNF (bibliothèque nationale de France)
Là aussi je ne rentre pas dans les détails, vous trouverez des sites spécialisés sur le net qui vous expliqueront très bien les démarches. Vous verrez ce n’est pas compliqué, et les gens de l’Afnil et de la BNF sont vraiment sympas et répondent sans problème si vous êtes perdu ^^
sérieux par la plupart des gens, on a plus de mal à se caser, les banques nous refusent des emprunts (comme on est pauvre… vous commencez à connaitre la chanson !), les proprios nous refusent des locations (paaaauvres), on n’a aucune sécurité pour la maladie (y’a pas intérêt à tomber malade, j’vous l’dis), et inutile de compter sur vos économies pour vous soigner, puisque vous avez déjà du mal à vivre de votre maigre revenu !La retraite ? C’est quoi la retraite ?Ha oui, et cerise sur le gâteau : Faut-il aussi rappeler que de plus en plus de festivals de manga obligent les auteurs auto-édités, dont l’auto-édition est la seule source de revenu, à payer un stand entre 1500 et 2000€ ? Alors qu’à côté, un auteur édité lui payera son stand entre 100 et 300€, au même titre que ceux qui font ça juste en loisir ?
Vous ne gagnez que 200€ net par mois ? Quand vous gagnez 800€ en festival, vous êtes super content ? (en sachant qu’une fois retiré le transport, l’hôtel, les couts de fabrication de chaque création vendue, les 15% des ventes qui partent au RSI… il ne vous restera que 200€ de bénéfices ? 200€ qui vous serviront à tenir durant un mois entier ?)
Pour les autres… soit vous boycottez ces festivals, soit vous essayez de négocier avec eux (certains y arrivent parfois).Bref… c’est vraiment pas un métier où on peut vivre sans se soucier du lendemain.
Je ne le conseille qu’à un seul type de personne : Les gens qui respirent BD, qui ne se sentent épanouis qu’en faisant de la BD, qui ne supporteraient pas l’idée de vivre sans pouvoir créer de BD, qui ont tendance à se sentir très mal dans leur peau quand ça fait déjà quelques jours qu’ils n’ont pas touché à leur projet… et qui n’arrivent même pas à imaginer ce qu’ils pourraient bien faire de leur vie s’ils étaient contraints de faire autre chose.
Si vous vous retrouvez dans cette description, alors vous pouvez tenter l’aventure =)
Important : N’oubliez pas qu’un être humain doit faire 10 000 pas par jour pour que son corps reste dans de bonnes conditions. Si vous travaillez chez vous, vous ferez peut-être entre 1000 et 2000 pas en vous déplaçant dans votre maison, jusqu’à votre boite aux lettres, etc… -> il vous faudra compléter ça en sortant marcher le temps qu’il faudra pour atteindre les 10 000 (je vous conseille de vous procurer un podomètre ou de télécharger une application sur votre smartphone/iphone pour savoir combien de pas vous faites chaque jour en moyenne)Ne pas oublier de faire le plein en vitamine D en prenant le soleil une dizaine de minutes pendant le printemps, été et automne, de façon à renforcer votre système immunitaire et ne pas avoir de carences :PEt comme ça vous pourrez avancer vite et bien pendant très, très, très longtemps !
Peut-être qu’une fois que vous aurez lu tout ça, vous aurez l’impression que c’est un résumé assez effrayant de l’auto-édition et du métier d’auteur de BD.
Mais sachez que si vous êtes passionné, les difficultés vous paraitront toujours surmontables. Et qu’elles n’arrivent pas d’un coup. Chaque étape du métier a son petit obstacle, que vous franchirez un à un, et les obstacles du début s’oublieront vite face aux plaisirs d’aujourd’hui.
Pouvoir discuter avec les autres auteurs auto-édités, notamment en festivals, est une véritable bouffée d’air frais. Puis ça permet d’échanger ses petites astuces perso et rentrer chez soi l’esprit gonflé de motivation et avec plein de nouvelles idées !Gardez en tête que la plus précieuse arme d’un auteur, qu’il soit auto-édité ou édité par un éditeur, c’est la régularité dans le travail. Le cerveau devient efficace par la régularité : (cf. cette vidéo sur la productivité (activez les sous-titres en français dans les options ;))
C’est d’autant plus vrai dans l’auto-édition où c’est vous qui fixez les règles et les deadlines, et où vous êtes le seul à qui vous devez des comptes. Il vous faudra être strict dans vos horaires pour tenir sur la distance.
Vous allez y arriver !Keep calm and carry on!
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